2017
Projet Danser sous la pluie
Extraits
Danser sous la pluie.
« Je dansais.
J’ai dansé.
Je danse depuis cet instant. Dix ans après, je danse encore dans ma tête, en moi-même, en dormant, en dessinant, et toujours lorsque je me retrouve seule.
La danse en moi s’interrompt quand quelqu’un ou quelqu’une se met à parler, à parler vraiment, à relater une joie, une souffrance, une écorchure entrevue.
Alors le rythme s’arrête en moi : j’écoute pour me rappeler, pour sentir soudain ce frôlement du réel. J’écoute parfois la façon de se taire… J’écoute et tente de faire sentir à l’autre en peignant, en dessinant, à celui qui a parlé, qui s’est oublié, ou à celui dont le silence parlait, que cette commotion imperceptible, est passée à mes yeux, à mes mains, à ma mémoire.
L’instant d’après la danse reprend : sous ma peau, dans mes jambes, le long de mes bras, contre mon visage immobilisé. » A. Djebar